- PAYS ENCLAVÉS
- PAYS ENCLAVÉSPAYS ENCLAVÉSDépourvus de littoral, les pays enclavés sont aussi appelés « pays intérieurs». Leur position en plein continent sans débouché national sur la mer pose d’autant plus de problèmes que la plupart des échanges internationaux sont acheminés par la voie maritime. La chaîne de transport, base moderne de l’organisation des flux mondiaux, s’appuie fondamentalement sur l’activité portuaire et soumet l’espace au rythme de celle-ci. Elle est liée à la conteneurisation et à la palettisation, à l’intégration de toutes les composantes d’un itinéraire commercial, à un système dont les maillons du transport maritime, du transfert portuaire et du transport intérieur ne peuvent pas être dissociés ni leur gestion entreprise séparément. Comme les affaires reçoivent l’impulsion décisive depuis les grandes métropoles du globe et que la plupart de celles-ci gravitent autour d’importants complexes portuaires, les pays enclavés sont de plus en plus tributaires des États dotés de littoraux aménagés qui constituent leur débouché. Il est vrai toutefois que la compétition contemporaine ne favorise plus d’emblée le port d’accueil dit «naturel». Gênes intéresse la Suisse, quoique l’estuaire du Rhin demeure primordial. Tema, Lomé et Cotonou rivalisent au Burkina Faso avec Abidjan, qui conserve néanmoins la part déterminante du trafic. C’est ainsi que la chaîne de l’Afrique de l’Ouest s’appuie sur les ports de Cotonou, Lomé, Abidjan, Tema et Dakar, celle de l’Afrique centrale sur Douala et Pointe-Noire. Chaque chaîne est greffée sur un système d’informations grâce à une cellule logistique qui renforce les activités des bureaux de fret et des agences maritimes, en vue de la maîtrise des mouvements de marchandises en direction et en provenance de l’arrière-pays.Les exigences du développement, les impératifs du commerce extérieur et la nouvelle organisation internationale du travail que reflète en particulier la chaîne de transport ont conduit à la politique des corridors de désenclavement. Ceux-ci, pour répondre à leur finalité, doivent favoriser l’écoulement du trafic en transit grâce à des conventions internationales limitant les formalités de contrôle, réduisant ou supprimant les ruptures de charge, abaissant les coûts et raccourcissant les durées. Si le chemin de fer et la voie fluviale jouent un certain rôle, la route constitue l’axe de pénétration par excellence. Parallèlement aux points d’ancrage maritimes qui suscitent l’ouverture économique des pays enclavés, le transport aérien contribue également, de façon efficace, à pallier les difficultés de l’accessibilité territoriale.Les pays sans littoral du monde industrialisé sont à présent très désenclavés, car ils ont réussi à devenir eux-mêmes des carrefours de première importance: la Suisse et le grand-duché de Luxembourg illustrent de façon saisissante la manière dont une situation géographique défavorable a pu devenir un atout. La révolution intervenue dans les technologies de la communication leur permet de se rattraper dans le domaine des flux immatériels qui régissent dorénavant les échanges matériels et les déplacements de personnes.L’Autriche a pris aussi cette orientation, avec ses activités technologiques de pointe, ses centres de high tech , ses institutions internationales de recherche appliquée, son rayonnement culturel et touristique. L’absence de littoral n’a pas empêché la Tchécoslovaquie fraîchement constituée après la Première Guerre mondiale de devenir alors le premier pays industriel de l’Europe orientale ni la Hongrie de parvenir au premier rang des États collectivistes en matière de prospérité. En ce qui concerne la principauté de Liechtenstein et le Vatican, la nature privilégiée de leur statut au point de vue fiscal et économique associe aux relations urbaines de proximité — Zurich et Rome — les avantages réservés aux places internationales d’affaires. Seule la principauté d’Andorre, isolée en haute montagne pyrénéenne, n’a pas les mêmes atouts. Mais ici l’enclavement est moins en cause que les structures relativement traditionnelles, bien que la nature historique de celles-ci rende cette enclave touristiquement plus attractive que les environs.Dans la zone des pays en développement, en revanche, l’absence de littoral ralentit les possibilités de décollage, sauf dans les Émirats arabes qui se suffisent à eux-mêmes, centrés sur les puits de pétrole et les aéroports. Alors que les puissances coloniales avaient créé pour les besoins de la cause des unités territoriales suffisamment amples pour éviter la rupture politique avec la mer ou l’océan, le mouvement d’indépendance a conduit, dès le XIXe siècle, à la proclamation de souverainetés nationales privées de littoral: Paraguay, Bolivie, Afghanistan appartiennent à la «première génération». Les États intérieurs d’Afrique cherchent avec insistance à asseoir leurs droits réels d’accès à la mer sur des accords internationaux respectés: Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, République centrafricaine, Ouganda, Rwanda, Burundi, Zambie, Malawi, Zimbabwe, Botswana.
Encyclopédie Universelle. 2012.